INTRODUCTION
Henry Sike donna à Utrecht, en 1697, la première édition du texte arabe de cette légende. Il rétablit, d'après un manuscrit qui se trouva dans la vente faite à Leyde de la bibliothèque du savant Golius. On ignore ce qu'est devenu ce manuscrit (1), peut-être a-t-il passé en Angleterre, car Sike s'était rendu en Hollande avec un anglais nommé Huntington, qui étudiait les langues orientales pour se préparer à un voyage dans le Levant, mais qui, plus tard, renonça à son projet, revint dans sa patrie, fut nommé professeur d'arabe à Oxford, et finit par se pendre de ses propres mains en 1712.
Sike regardait le texte arabe comme la traduction d'un original fort ancien écrit primitivement en grec ou en syriaque. Un auteur arabe, Ahmed-Ibn-Idris, cité par Maracci dans son travail sur le Coran, atteste que l'on croyait que l'Évangile de l'Enfance, regardé comme le cinquième des Évangiles, avait été rédigé par saint Pierre qui en avait recueilli les matériaux de la bouche de Marie.
Fabricius se contenta de donner la version latine de Sike en y joignant en marge de courtes notes assez in- signifiantes; Thilo a réimprimé le texte arabe soigneusement corrigé, il a revu la traduction et il a conservé celles des notes du premier éditeur qui offraient le plus d'importance.
Nous connaissons quatre traductions allemandes de cet Évangile; la première vit le jour en 1699, sans indication de lieu et sans nom d'auteur ; la seconde, également anonyme, porte la date de 5738 (1789) à Jérusalem ; la troisième vit le jour en 1804; la quatrième fait partie du recueil déjà cité du docteur Borberg (t. I, p. 135 et suiv.)
L'on a cru pouvoir attribuer la rédaction de l'Évangile de l'Enfance tel que nous le possédons à quelque écrivain nestorien ; il est de fait que cette légende à toujours joui chez ces sectaires de la plus grande faveur. On l'a retrouvée chez les chrétiens de Saint-Thomas, fixés sur la côte de Malabar et qui partagent les erreurs anathématisées par le concile œcuménique d'Éphèse. Les Arméniens en ont reproduit dans leurs divers écrits les principales circonstances.
A des époques d'ignorance, l’on ne manqua point d'attribuer cet Évangile à l'un des apôtres; l'on désigna successivement saint Mathieu ou saint Pierre, saint Thomas ou saint Jacques comme l'ayant composé, saint Irénée croyait que c'était l'œuvre de quelque marcosien, Origène y voit la main de Basilide, et saint Cyrille celle de quelque sectateur de Manès. Quoi qu'il en soit, ce recueil de traditions, plus ou moins hasardées, se retrouve dans tout l'Orient le même pour le fond des choses.
Il est facile de se rendre compté de la grande popularité dont a joui cet Évangile, en Egypte surtout, lorsque l'on réfléchit que c'est en Egypte même que se passent la plupart des faits qu'il relate. Les Coptes ont possédé un grand nombre d'ouvrages relatifs à ces mêmes événements ; Assemani mentionne dans sa Bibliothèque orientale (t. II, 517, t. III, P. I, 286 et 641), une histoire de la fuite de la sainte Vierge et de saint Joseph en Egypte, faussement attribuée à Théophile d'Alexandrie.
Un prélat égyptien, Cyriaque, évêque de Tabenne, se distingua par l'empressement qu'il mit à recueillir et à propager ces légendes si propres à charmer des auditeurs peu éclairés, mais de bonne foi ; la bibliothèque du Roi possède de lui deux copies d'une histoire de Pilate et deux sermons (manuscrit arabe, n° 143), dont le savant Sylvestre de Sacy, dans une lettre adressée à André Birch, et que celui-ci a publiée (Copenhague, 1815), a donné une analyse curieuse ; on ne sera pas fâché de la retrouver ici.
Le premier de ces deux discours a pour objet de célébrer le jour où J. C. enfant accompagné de la sainte Vierge, de Joseph et de Salomé, au moment de sa fuite en Egypte, s'arrêta au lieu nommé, aujourd'hui le monastère de Baisous, situé à l'est de Banhésa. Le jour est le 25 du mois de Paschous. Suivant cette légende, l'enfant Jésus fit en ce lieu un grand nombre de miracles; entre autres choses, il planta en terre les trois bâtons d'un berger et de ses deux fils, et sur le champ, ces bâtons devinrent trois arbres couverts de fleurs et de fruits, qui existaient encore du temps de Cyriaque. Cyriaque prétend avoir appris tontes ces particularités de diverses visions qu'eut un moine nommé Antoine, en conséquence desquelles il fit faire des fouilles en cet endroit; on y trouva un grand coffre fermé contenant tous les vases sacrés d'une église, avec une inscription, qui apprit que le tout avait été caché au commencement de la persécution de Dioclétien, par le prêtre Thomas, qui desservait cette église, l’ordre lui en ayant été donné dans un songe. Le coffre ouvert, on y trouva les vases sacrés, et un écrit que Ton lut et qui contenait toute l'histoire de l'enfant Jésus, avec ses parents en ce lieu, le 25 du mois de Paschous, et le récit de tous les miracles, par lesquels il y avait manifesté sa divinité. Cette relation était écrite de la main de Joseph, époux de la sainte Vierge. Elle est fort longue. Après l'avoir lue, Cyria-que fit bâtir, en ce lieu, une église, dont la construction fut encore accompagnée de visions, et la desserte confiée au moine Antoine. Cyriaque raconte en finissant, comment un homme qui avait souillé cette église et y avait commis des dégâts, fut tué à peu de distance de là par un monstre envoyé de Dieu. — Le second discours de Cyriaque a pour objet l'arrivée et le séjour de l'enfant Jésus et de ses parents en un lieu de la province de Cous, lieu nommé aujourd'hui le couvent brûlé. Le discours est fait pour être lu le 7 de Barmandi, jour anniversaire de l'arrivée de la sainte famille en ce lieu. Le tissu de cette légende est tout à fait semblable à celui de la précédente.
Transcrivons aussi un passage des voyages de Thévenot (liv. II, ch. 75), où il est question des récits conservés parmi les chrétiens qui habitent sur les bords du Nil.
« Les Coptes ont plusieurs histoires fabuleuses tirées des livres apocryphes qu'ils ont encore parmi eux. Nous n'avons rien d'écrit de la vie de Notre-Seigneur, durant son bas-âge, mais eux, ils ont bien des particularités, car ils disent que tous les jours il descendait un ange du ciel, qui lui apportait à manger, et qu'il passait le temps à faire avec de la terre de petits oiseaux, puis il soufflait dessus, et les jetait après en l'air, et ils s'envolaient. Ils disent qu'au jour de la cène on servit à Notre-Seigneur un coq rôti, et qu'alors Judas étant sorti pour aller faire le marché de Notre-Seigneur, il commanda au coq rôti de se lever et de suivre Judas; ce que fit le coq, qui rapporta ensuite-à Notre-Seigneur que Judas l'avait vendu, et que pour cela ce coq entrera en paradis, »
Vansleb qui parcourut l'Egypte au dix-septième siècle, rapporte diverses légendes analogues à celle-ci; on montre encore, observe-t-il, un olivier que l'on dit être venu d'un bâton que Jésus avait enfoui en terre, l'on parle d'une fontaine qu'il fit paraître tout d'un coup pour étancher la soif dont souffrait Marie, et tous les malades qui burent de cette eau miraculeuse furent guéris.
Nous montrerons dans les notes dont nous accompagnerons l'Évangile de l'Enfance, combien les Musulmans y ont ajouté de traditions empreintes de l'imagination orientale ; les écrits des docteurs juifs ont également reproduit quelques-uns des récits de notre légende; c'est ainsi que le Toldos Jeschu, l'un des ouvrages que les rabbins ont essayé de diriger contre le christianisme (2), mentionne les oiseaux que Jésus formait avec de la boue et qu'il animait de son souffle; le même ouvrage donne le nom d'Elchanon comme celui du maître qui instruisit le fils de Marie ; d'après un passage un peu obscur, il est vrai, de la Gemare de Babylone (3), il se serait appelé Josué fils de Pérachia. Parmi les traductions de l’Évangile de l'Enfance en diverses langues, nous ne pouvons omettre celle qui vers le treizième siècle, eut lieu dans l'idiome du midi de la France ; M. Raynouard en a publié des extraits à la fin du premier volume de son Lexique roman.
Ce texte, fort méconnu de nos jours en Occident, est une des nombreuses variantes de ce qu'il est convenu d'appeler les "évangiles de l'enfance" du Christ. Nul doute que leur connaissance n'est pas indispensable pour vivre fidèlement dans la foi au Christ. Le texte est jalonné de miracles attribués à l’enfant Jésus.
Chapitre 1.
Nous avons trouvé (ceci) dans le livre de Josèphe, le grand prêtre qui existait tu temps du Christ, - d'aucuns ont dit que c'était Caïphe - il affirme donc que Jésus parla, étant au berceau, et qu'il dit à sa mère : "Je suis Jésus, le fils de Dieu, le Verbe, que vous avez enfanté, comme vous l'avait annoncé l'ange Gabriel, et mon Père m'a envoyé pour sauver le monde. (notes 1 et 2)"
Chapitre 2.
L'an 309 d'Alexandre, Auguste ordonna que chaque individu fût enregistré dans son pays. Joseph se leva donc ; il prit Marie sa fiancée et partit pour Jérusalem. Il arriva à Bethléem, pour se faire inscrire (là) dans son village avec toute sa famille. Lorsqu'ils atteignirent la grotte, Marie dit à Joseph : "Voici que le temps de mes couches est venu; il m'est impossible d'aller jusqu'au village. Entrons plutôt dans cette grotte." A ce moment le soleil se couchait. Joseph, de son côté partit en hâte pour amener à Marie une femme qui l'assisterait. Sur ces entrefaites, il aperçut une vieille femme (de race) hébraïque, originaire de Jérusalem. Il lui dit : "Venez ici, benoîte femme. Entrez dans cette grotte : il y a là une femme qui est sur le point d'enfanter."
Chapitre 3.
1. La vieille femme accompagnée de Joseph, arriva à la caverne quand le soleil était déjà couché. Ils y pénétrèrent : elle était remplie de lumières plus belles que les lampes et les flambeaux, plus intenses que la clarté du soleil. L'enfant enveloppé de langes, suçait, posé sur la crèche, le lait de sainte Marie sa mère. 2. Tandis que les deux (survenants) s'étonnaient de cette lumière, la vieille femme dit à sainte Marie : "Etes-vous la mère de ce nouveau-né?" Sainte Marie dit : "Oui." La vieille femme (lui) dit : "Vous ne ressemblez pas aux filles d'Éve. Sainte Marie dit : "comme mon fils est incomparable parmi les enfants, ainsi sa mère est incomparable parmi les femmes." .../... (note1) La vieille femme répondit en ces termes : "O ma Dame, je suis venue sans arrière-pensée, pour obtenir une récompense". Notre Dame sainte Marie lui dit : "Posez vos deux mains sur l'enfant." Elle les posa et aussitôt, elle fut guérie. Et elle sortit, en disant : "Dorénavant, je serai la servante et l'esclave de cet enfant tous les jours de ma vie."
Chapitre 4.
A ce moment arrivèrent les bergers. Ils allumèrent un feu et se livrèrent à une grande joie. Et les armées célestes leur apparurent louant et glorifiant Dieu - qu'il soit nommé avec respect - et les bergers aussi louèrent Dieu. Et la grotte, à ce moment, semblait un temple sublime car les voix célestes et terrestres glorifiaient et magnifiaient la naissance du Seigneur Christ. Quant à la vieille femme israélite, lorsqu'elle eut vu ces miracles éclatants, elle rendit grâces à Dieu et dit : "Je vous remercie, ô Dieu, Dieu d'Israël, de ce que mes yeux ont vu la naissance du Sauveur du monde."
Chapitre 5.
1. Quand furent (accomplis) les jours de la circoncision, c'est-à-dire (quand vint) le huitième jour, la loi obligeait de circoncire l'enfant. On le circoncit dans la caverne. La vieille femme israélite prit le morceau de peau - d'autres disent qu'elle prit le cordon ombilical - et le mit dans une fiole d'huile de nard ancien. Elle avait un fils, parfumeur (de son état); elle lui en fit don, lui disant : "Gardez-vous de vendre cette fiole de nard parfumé, quand bien même on vous en offrirait trois cents deniers." C'est celle fiole que Marie la pécheresse acheta et répandit sur la tête de Notre Seigneur Jésus-Christ et sur ses pieds, qu'elle essuya ensuite avec les cheveux de sa (propre) tête.
2. Dix jours s'étant écoulés, ils emmenèrent l'(enfant) à Jérusalem; et, quarante jours après sa naissance, ils l'introduisirent dans le temple en présence du Seigneur et offrirent pour le racheter les sacrifices prescrits dans la loi de Moïse, à savoir : "Tout enfant mâle premier-né sera réputé consacré à Dieu" Luc 2.22-24 ; cf Ex 13.2)
Chapitre 6
Le vieillard Syméon le vit brillant comme une colonne de lumière, tandis que sa mère la vierge Marie le portait dans ses bras, toute joyeuse. Les anges tournés vers lui l'entouraient comme d'un cercle et lui rendaient gloire, pareils à la garde (d'honneur) qui entoure le roi. Syméon se dirigea en hâte vers sainte Marie ; il étendit les mains vers elle, et dit au Seigneur Christ : "Maintenant, Seigneur, congédiez en paix votre serviteur, selon votre parole; car mes yeux ont vu (l'oeuvre de) votre clémence, que vous avez préparée pour le salut de toutes les nations, (pour servir de) lumières à toutes les races, et pour la gloire d'Israël votre peuple" (Luc 2.29-32). Anne la prophétesse fut aussi témoin de ce (spectacle); et elle s'approcha pour rendre grâces à Dieu et proclamer sainte Marie bienheureuse.
Chapitre 7
Or quand le Seigneur Jésus fut né a Bethléem de Juda, à l'époque du roi Hérode voici que des mages arrivèrent d'Orient à Jérusalem, selon ce que Zoroastre avait prédit. Et ils portaient avec eux des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ils l'adorèrent et lui offrirent leurs présents. Alors sainte Marie prenant un des langes (de Jésus) le leur donna par manière d'eulogie. Ils l'acceptèrent de ses mains, avec une parfaite bonne grâce. Et au même instant, un ange leur apparut sous la forme de l'étoile qui avait d'abord été leur guide. Ils partirent, conduits par sa lumière jusqu'à leur arrivée dans leur pays.
Chapitre 8
Leurs rois et leurs chefs se réunirent autour d'eux et leur dirent : "Qu'est-ce donc que vous avez vu et fait ? Comment se sont passés votre voyage et votre retour? Et à quoi faites-vous cortége?" Et ils leur montrèrent le lange que sainte Marie leur avait donné. A ce propos, ils célébrèrent une fête; ils allumèrent un feu, suivant leur coutume, et ils l'adorèrent. Ils y jetèrent ce lange : le feu y prit et le pénétra. Quand le feu se fut éteint, ils retirèrent le lange : il était dont le même état qu'auparavant, comme si le feu ne l'avait pas touché (cf. Dan 3. 50). Et ils se mirent à le baiser et à le poser sur leurs yeux, et ils dirent : " Le fait est, sans aucun doute, que voila un grand prodige : le feu n'a pu le consumer ni l'endommager." Ils le prirent et le conservèrent précieusement chez eux, avec une vénération profonde.
Chapitre 9
Quant à Hérode, lorsqu'il vit que les mages s'attardaient loin de lui et qu'ils ne revenaient pas, il convoqua les prêtres et les sages et leur dit : "Apprenez-moi où naîtra le Messie." Ils lui dirent : "A Bethléem de Juda." Et il se mit à songer (au moyen) de tuer le Seigneur Jésus-Christ. Alors l'ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère et pars pour la terre d'Égypte" (Matth 1.13). Il se leva donc, au chant du coq, et se mit en route.
Chapitre 10
l. Tandis qu'il songeait en lui-même comment s'accomplirait son voyage, l'aurore survint, et il se trouvait avoir parcouru la moitié de la route. Au lever du jour il était à proximité d'un gros village. Or il y avait là une idole, avec toutes les autres idoles et divinités des Égyptiens. Un prêtre résidait auprès de cette idole pour la servir. Et chaque fois que le démon de céans parlait par la bouche de cette idole, le prêtre transmettait cet (oracle) au peuple de l'Égypte et de ses (différentes) provinces. Ce prêtre avait un fils âgé de trois ans, qui était possédé de plusieurs démons. Il disait et débitait toutes sortes de choses. Lorsque les démons s'emparaient de lui, il déchirait ses vêtements, demeurait nu et assaillait les gens à coups de pierres. Dans ce village, il y avait un hôpital, sous le vocable de cette idole.
2. Or quand sainte Marie et Joseph arrivèrent en ce village et furent descendus à cet hôpital, les gens du pays ressentiront une épouvante extrême. Tous les chefs et les prêtres des idoles se réunirent auprès de l'idole en question et lui dirent : "Qu'est-ce que ce bouleversement et cette secousse qui se sont produits dans notre pays?" L'idole leur répondit en disant : "Un dieu caché est présent ici; c'est lui qui est le Dieu véritable et il n'y en a pas d'autre que lui à servir, car il est vraiment le Fils de Dieu (Matth 27.57). A la nouvelle de son (approche), cette terre s'est émue ; quand il y descendit, elle trembla et fut secouée. Nous redoutons extrêmement la violence de son attaque. " Au même instant, l'idole s'abattit, et sa chute fit accourir tout le peuple d'Égypte et d'ailleurs.
Chapitre 11
1. Le fils du prêtre fut atteint de son accident habituel. Il entra dans l'hôpital tandis que Joseph et sainte Marie s'y trouvaient. Tout le monde les avait abandonnés en fuyant. Dame sainte Marie venait de laver les langes du Seigneur Christ, et les avait tendus sur le mur. Le jeune possédé survint et prit l'un de ces langes et le posa sur sa tête. Au même instant, les démons, prenant la fuite, commencèrent à sortir de sa bouche pareils à des corbeaux et à des serpents et, sur l'heure, l'enfant fut guéri par l'ordre du Seigneur Christ. Il se mit à louer et à remercier le Seigneur, qui l'avait guéri
2. Son père, l'ayant trouvé en santé, lui dit : "Que vous est-il donc advenu, mon enfant, et comment avez-vous été guéri? " Il lui dit : "Quand le démon m'eut terrassé, j'allai à l'hôpital. Là, je trouvai une noble femme avec un enfant. Elle venait de lui laver ses langes et les avait déposés sur le mur. J'en ai pris un, je l'ai mis sur ma tête et les démons me quittant se sont enfuis." Son père, transporté d'allégresse à son sujet, lui dit : "Mon enfant, il est bien possible que ce petit garçon soit le fils du Dieu vivant, qui a créé les cieux et la terre. Car au moment où il a passé chez nous, l'idole s'est brisée, tous les dieux sont tombés et ont été mis à néant par la force de sa puissance. "
Chapitre 12
Là fut accomplie la prophétie qui disait : " C'est de l'Egypte que j'ai appelé mon fils" (Matth 2.15) . Et lorsque Joseph et Marie eurent appris la chute et l'anéantissement de cette idole, ils furent saisis de frayeur et de crainte, et ils (se) dirent : "Quand nous étions dans la terre d'Israël, Hérode songeait à tuer Jésus et, à cause de lui, il a tué tous les petits enfants de Bethléem et de ses environs. Il n'y a pas de doute que si seulement les Egyptiens apprennent quel accident a brisé cette idole, ils nous livreront aux flammes.
Chapitre 13
(Joseph et Marie) partirent de là et arrivèrent à un endroit où il y avait des brigands qui avaient pillé un groupe (de voyageurs), les avaient dépouillés de leurs vêtements et les avaient garrottés. Ces brigands entendirent un tumulte immense, pareil au tumulte causé par un roi puissant qui sort de sa capitale accompagné de troupes, de cavaliers et de tambours. Les brigands en prirent peur et abandonnèrent tout ce dont ils s'étaient emparés. Les autres alors se levèrent ; ils se détachèrent mutuellement de leurs entraves, reprirent leurs biens et s'en allèrent. En Voyant, s'approcher Joseph et Marie, ils leur dirent : "Où est donc le roi dont les brigands ont entendu le train bruyant et tumultueux, à la suite de quoi ils nous ont abandonnés et nous avons été délivrés ?" Joseph leur dit : "Il va arriver sur nos pas."
Chapitre 14
Ils atteignirent (ensuite) un autre village, où il y avait une femme possédée. (En effet) étant sortie une nuit pour puiser de l'eau, le démon, le rebelle maudit, s'était jeté sur elle. Elle ne pouvait plus supporter d'être vêtue ni de séjourner dans des endroits habités ; et chaque fois qu'on la liait avec des chaînes et des entraves, elle les brisait et s'échappait nue dans le désert. Elle s'établissait aux carrefours des routes et dans les tombeaux et assaillait les gens à coup de pierre. Sa famille en était fort affligée. Lorsque sainte Marie la vit, elle en eut pitié. Et au même instant, le démon la quitta et s'éloigna précipitamment, sous la forme d'un jeune homme, en criant : "Malheur à moi à cause de vous et de votre fils !" Et cette femme fut guérie de son tourment. Elle revint à elle et, confuse de sa nuditée, elle se rendit chez les siens, en évitant les gens. Elle reprit ses habits et fit un récit détaillé du fait à son père et à sa famille. (Or) les siens étaient les personnages les plus considérables du village. Ils donnèrent l'hospitalité à sainte Marie et à Joseph, avec une généreuse magnificence.
Chapitre 15
Le lendemain, (Marie et Joseph) se séparèrent d'eux, bien pourvus pour la route. Le soir de ce jour, ils arrivèrent dans un autre village, où se célébraient, des noces. Par la ruse du démon maudit et les maléfices des enchanteurs, l'épousée était devenue muette et n'avait plus retrouvé la parole. Lorsque Dame sainte Marie entra dans ce village, portant dans ses bras le Seigneur Christ son enfant, cette jeune épouse muette l'aperçut : elle étendit les mains vers le Seigneur Christ, et, l'attirant a elle, le prit dans ses bras, l'étreignit ri, le baisa. Un effluve de son corps s'exhala sur elle. Le noeud de sa langue se délia, ses oreilles s'ouvrirent et elle loua et remercia Dieu qui lui avait rendu la santé. Cette nuit-là, il y eut une grande joie parmi les habitants de ce village et ils crurent que Dieu et ses anges étaient descendus chez eux.
Chapitre 16
(Joseph et Marie) demeurèrent là trois jours, entourés d'honneurs et somptueusement traités. Ils partirent de chez leurs hôtes, bien pourvus pour la route, et ils arrivèrent dans un autre village où ils comptaient passer la nuit, car il était bien peuplé. Dans ce village, il y avait une femme honorablement connue. Un jour elle était allée au fleuve pour se baigner ; et le démon maudit, ayant pris la forme d'un serpent, s'était élancé sur elle et s'était enroulé autour de son abdomen et chaque jour, à la tombée de la nuit, il s'allongeait sur elle. Lorsque cette femme vit Dame sainte Marie, ayant entre ses bras le Seigneur Christ encore dans sa première enfance, elle se prit d'affection pour lui et dit à Dame sainte Marie : "O (ma) Dame, donnez-moi ce petit enfant, pour que je le porte et que je l'embrasse." (Marie) le lui donna. Et quand (l'enfant) eut été approché d'elle, le démon lâcha prise et la quitta pour prendre la fuite. A partir de ce jour, elle ne le revit plus. Tous les assistants louèrent le Dieu Très-Haut, et cette femme traita magnifiquement (Marie et Joseph).
Chapitre 17
Quand le lendemain fut venu, cette (même) femme prit de l'eau parfumée pour y baigner le Seigneur Jésus. Et après l'avoir lavé, elle prit l'eau du bain. (Or) il y avait là une jeune fille dont le corps était blanc de lèpre. Elle versa sur elle un peu de cette eau et s'en lava; et aussitôt elle fut purifiée de sa lèpre. Quant au peuple de l'endroit, il disait : "Sans aucun doute, Joseph, Marie et l'enfant sont des dieux et non des hommes." Et lorsque (Marie et Joseph) se résolurent à les quitter, cette jeune fille qui avait été lépreuse s'approcha d'eux et leur demanda de l'emmener.
Chapitre 18
1. Ils y consentirent et elle partit avec eux. Cependant, ils arrivèrent à un village où se trouvait un château appartenant à un chef illustre. Celui-ci avait un palais destiné à recevoir les hôtes. Ils y descendirent. La jeune fille s'en alla et entra chez la femme du seigneur. La trouvant en larmes et attristée, elle lui dit : " Pourquoi pleurez-vous?" Celle-ci lui répondit : "Ne vous étonnez pas de mes larmes, car j'ai une grande douleur, que je n'ai pu dire à personne." La jeune fille lui dit : "Si vous me l'indiquiez et me la découvriez, peut-être s'y trouverait-il un remède en mon pouvoir."
2. La femme du chef lui dit : "Gardez bien ce secret et ne le dites à personne. Je suis mariée à ce chef, qui est un roi dont le pouvoir s'étend sur un vaste territoire. J'ai vécu longtemps avec lui sans lui donner de fils, et lorsque enfin j'eus de lui un enfant, celui-ci se trouva lépreux. Quand il le vit, il refusa de le reconnaître et me dit : "Vous allez le tuer ou le remettre à une nourrice qui l'élèvera dans un endroit où l'on n'entendra jamais parler de lui. Quant à moi, je n'ai plus rien de commun avec vous et je ne vous verrai plus jamais." Je ne sais quel parti prendre et mon chagrin est extrême. Hélas mon fils ! Hélas mon mari !" La jeune fille lui dit : " J'ai trouvé à votre mal un remède, que je vais vous exposer. Car moi aussi j'ai été lépreuse et j'ai été purifiée par Dieu qui n' est, autre que Jésus, le fils de Dame Marie." La femme lui dit : "(Qui est ce Dieu dont vous venez de parler? " La jeune fille dit : "Il est ici, chez vous, dans cette maison." Elle lui dit : "Comment donc? Et où se trouve-t-il ?" La jeune fille lui dit : " Voici Joseph et Marie : cet enfant qu'ils ont avec eux, c'est lui qu'on appelle Jésus, et c'est lui qui m'a guérie de mon mal et de mon tourment. " L'autre lui dit : "Et puis-je savoir de vous comment vous avez été guérie de votre lèpre?" Elle lui dit "Volontiers. La mère de l'(enfant) m'a donné de l'eau qui avait servi. à le baigner; je l'ai répandue sur moi et j'ai été purifiée de ma lèpre."
3. Là-dessus, la femme dit chef se leva, et pria (Marie et Joseph) d'être ses hôtes; elle offrit à Joseph un grand festin, auquel furent conviés bon nombre d'hommes. Le lendemain, dès le point du jour elle prit de l'eau parfumée, pour y baigner le Seigneur Jésus. Elle prit aussi avec elle son fils et le baigna dans l'eau qu'elle venait d'employer. Au même instant sou enfant fut purifié de sa lèpre. Elle remercia Dieu et lui rendit gloire. Et elle dit : "Heureuse votre mère, ô Jésus! Comment, avec de l'eau où l'on vous a baigné, purifiez-vous de la lèpre des hommes qui sont de la même race que vous?" Elle fit à Dame sainte Marie des présents magnifiques et la reconduisit avec les plus grands honneurs.
Chapitre 19
De là, ils parvinrent à un autre village et voulurent y passer la nuit. Ils descendirent à la maison d'un homme récemment marié et qu'un maléfice tenait éloigné de son épouse. Et lorsqu'ils eurent pris gîte chez lui cette nuit-là le maléfice cessa. Le matin venu, ils songeaient à partir; mais ce jeune marié les retint et leur offrit un festin splendide.
Chapitre 20
1. Le lendemain, ils se mirent en route. Comme ils approchaient d'un autre village, ils virent trois femmes qui revenaient à pied du cimetière en pleurant. Les ayant vues, sainte Marie dit à la jeune fille qui s'était jointe à eux : " Demandez-leur ce qui leur est arrivé et quel malheur les a frappées." Elle leur posa la question. Celles-ci, sans lui répondre, lui dirent : "D'où êtes-vous et où allez-vous? Car la journée est passée et la nuit est venue." La jeune fille leur dit : "Nous sommes des voyageurs et nous cherchons un gîte pour la nuit." Ces femmes lui dirent : "Venez avec nous et passez la nuit chez nous."
2. Ils les accompagnèrent donc. Elles possédaient une maison neuve, bien ornée et richement meublée. Elles les introduisirent dans cette maison. On était alors en hiver. La jeune fille entra aussi chez ces femmes, et les trouva toutes deux pleurant et gémissant. Auprès d'elles était un mulet couvert d'une housse de brocart, devant lequel on avait placé du sésame Elles l'embrassaient et lui donnaient à manger. La (jeune fille) leur dit : "O mes dames, que fait ici ce mulet ?"" Elles lui répondirent en pleurant et lui dirent : "Ce mulet que vous voyez a été notre frère, fils de notre mère que voici. Notre père est mort et nous a laissé une grande fortune. Nous n'avions que ce seul frère : nous songions à lui trouver une femme et à le marier suivant la loi de l'humanité. Mais des femmes se jalousèrent à son sujet et jetèrent sur lui un sort à notre insu.
3. Une nuit donc, peu de temps avant l'aurore, tandis que les portes de notre demeure étaient fermées, nous jetâmes les yeux sur notre frère : il était devenu le mulet que vous voyez. Nous n'avons plus de père pour nous tirer de ce chagrin et nous sommes dans l'affliction dont vous êtes témoin. Il n'y a pas au monde de savant, de magicien ou d'enchanteur que nous ayons négligé de consulter. Cela ne nous a servi absolument de rien. Et chaque fois que le coeur nous manque, nous nous levons, nous allons, avec notre mère que voici, pleurer au tombeau de notre père , puis nous revenons."
Chapitre 21
1. En entendant le récit de ces femmes la jeune fille leur dit : "Consolez-vous et ne pleurez plus : le remède à votre mal est proche ; il est chez vous et au milieu de votre maison. Car moi-même en personne j'ai aussi été lépreuse. Mais ayant vu cette femme-ci avec ce petit, enfant nommé Jésus, un jour que sa mère venait de le baigner, j'ai pris de l'eau de son bain, je l'ai répandue sur mon corps et j'ai été guérie. Je sais qu'il a la puissance de remédier à votre mal. Or çà, levez-vous, allez chez Dame Marie, sa mère, amenez-la dans votre maison; découvrez-lui votre secret, priez-la et suppliez-la d'avoir pitié de vous."
2. Lorsque les femmes eurent entendu le discours de la jeune fille, elles sortirent en hâte (pour se rendre) auprès de Dame sainte Marie. Elles l'introduisirent chez elles et, assises en sa présence, elles lui dirent en pleurant : " O Dame sainte Marie, ayez pitié de vos servantes. Nous n'avons plus aucun parent âgé, ni chef de famille, ni père, ni frère, qui fasse une démarche pour nous. Ce mulet que vous apercevez a été notre frère : des femmes l'ont réduits par leurs sortilèges à l'état que vous voyez. Nous vous prions donc, d'avoir pitié de nous." Alors, touchée de leur malheur, Dame sainte Marie prit le Seigneur Jésus et le posa sur le clos du mulet. Elle pleurait et les (trois) femmes aussi. Elle dit à Jésus Christ, son enfant : " Mon fils, par votre vertu puissante, guérissez ce mulet et faites qu'il redevienne l'homme raisonnable qu'il était autrefois."
3. Et au moment même où ces paroles sortaient de la bouche de Dame la vierge sainte Marie, le mulet changea de forme et prit la figure humaine : il était devenu un homme jeune et exempt de toute infirmité. Alors lui, sa mère et ses soeurs se prosternèrent devant Dame sainte Marie. Ils posèrent l'enfant sur leurs têtes et se mirent à l'embrasser en disant : " Heureuse votre mère, ô Jésus, sauveur du monde! Bienheureux les yeux qui ont eu la faveur de vous regarder!"
Chapitre 22
1. Les deux soeurs dirent à leur mère : "Voici que notre frère est revenu à l'état normal, par le secours du Seigneur Jésus-Christ et grâces à cette jeune fille qui nous a fait connaître Marie et son fils. Or donc, notre frère n'est pas marié; le meilleur parti est que nous l'unissions à cette jeune fille qui est au service de cotte famille." Elles interrogèrent donc sainte Marie à ce sujet. Elle consentit à leur demande. Elles célébrèrent donc avec magnificence les noces de cette jeune fille, et passant du chagrin à la joie et des lamentations aux cris de fête, elles se mirent à exulter, à se réjouir, à exhaler leur gaîté et à chanter. Et, dans l'excès de leur bonheur, elles revêtirent leurs habits les plus précieux et leurs parures et, entonnant des chants de louanges, elles disaient : "O Jésus, fils de David, qui changez le souci en joie et le chagrin en bonheur !"
2. Sainte Marie et Joseph demeurèrent là dix jours. Puis ils s'éloignèrent, comblés de témoignages de respect et de vénération par ces gens, qui vinrent prendre congé d'eux et, après les adieux, s'en retournèrent tout en larmes, surtout la jeune fille.
Chapitre 23
1. Partis de là, ils arrivèrent dans une terre déserte, et ils apprirent qu'elle n'était pas sûre. Joseph et sainte Marie eurent l'idée de traverser ce pays durant la nuit. Tandis qu'ils cheminaient, ils aperçurent, sur leur route, deux brigands qui dormaient, et avec eux se trouvait toute une bande d'autres brigands leurs compagnons, qui dormaient également. Ces deux brigands qu'ils venaient de rencontrer étaient Titus et Dumachus. Titus dit à Dumachus : "Laisse à ces gens le chemin libre pour qu'ils passent, et que nos compagnons ne les remarquent pas !" Dumachus n'y consentit pas. Titus lui dit: "Je te donne quarante drachmes, et prends ceci comme gage." Et il lui présenta la ceinture qu'il avait aux reins, pour le décider à se taire et à ne dire mot.
2. Quand Dame sainte Marie vit la belle conduite de ce brigand envers eux, elle lui dit : "Le Seigneur Dieu vous protégera de sa droite et il vous accordera le pardon de vos péchés." Le Seigneur Jésus prit la parole et dit à sa mère : "O ma mère, dans trente ans, les Juifs me crucifieront en la ville de Jérusalem et, avec moi, ils crucifieront ces deux brigands, Titus à ma droite et Dumachus à ma gauche; et, après ce jour, Titus me précédera dans le paradis."(note 1) Elle lui dit : "Que cela vous soit épargné, mon fils !"
3. De là, ils se rendirent à la ville des idoles. Et lorsqu'ils s'en approchèrent, elle fut renversée et réduite en colline de sable.
Chapitre 24
De là, ils se rendirent au sycomore qui s'appelle aujourd'hui Matarieh (note 1). Et à Matarieh, le Seigneur Jésus fit jaillir une source où sainte Marie lui lava sa tunique. Et la sueur du Seigneur Jésus, qu'elle égoutta en cet endroit, y fit naître le baume.
Chapitre 25
De là, ils descendirent à Misr (note 1). Il virent Pharaon et demeurèrent dans le pays de Misr durant 3 ans. Et le Seigneur Jésus accomplit dans le pays de Misr nombre de miracles qui ne sont pas écrits dans l'évangile de l'enfance ni dans l'évangile complet.
Chapitre 26
Après 3 ans, il repartit et revint de Misr. Et lorsqu'ils atteignirent la terre de Judée, Joseph craignit d'y passer. Apprenant qu'Hérode était mort et que son fils Archélaüs lui avait succédé comme roi du pays, il craignit d'aller dans la terre de Judée. L'ange du seigneur lui apparut alors et lui dit : "Joseph, passez dans la ville de Nazareth et restez-y."
O miracle, qu'on ait ainsi porté et promené à travers les pays le Maître des pays !
Chapitre 27
Et lorsqu'ils entrèrent dans la ville de Bethléem, ils y virent de nombreux cas d'une maladie grave qui atteignait les enfants aux yeux, et ils mouraient. Il y avait là une femme qui avait un fils malade et déjà proche de la mort. Elle l'apporta chez Dame sainte Marie, qu'elle aperçut à baigner Jésus le Christ. Cette femme lui dit : "O Marie, ma Dame, regardez mon fils que voici ; il souffre cruellement !"
Sainte Marie lui répondit en ces termes : "Prenez de cette eau où je viens de baigner mon fils, et aspergez-en le votre". Elle prit donc de cette eau, comme sainte Marie le lui avait dit, et elle la répandit sur son fils qui cessa de s'agiter et dormit quelques temps. Puis il s'éveilla de son sommeil, en parfaite et pleine santé ; sa mère le prit et l'apporta auprès de sainte Marie. Elle en était toute joyeuse. Sainte Marie lui dit : "Remerciez Dieu qui vous a guéri cet enfant."
Chapitre 28
Il y avait là une autre femme, voisine de celle dont le fils avait été guéri. Elle aussi avait un fils atteint de cette même maladie : ses yeux avaient cessé de voir, et il criait nuit et jour. La mère de l'enfant guéri dit à celle-ci : "Pourquoi ne le conduisez-vous pas chez sainte Marie, comme moi j'ai conduit chez elle mon fils, qui était sur le point de mourir, et il a été guéri par l'eau où elle avait baigné son fils Jésus ?"
Lorsque cette femme eut entendu, elle s'y rendit elle aussi, elle prit de cette eau et en lava son fils, dont le corps et les yeux furent guéris au même instant. Sa mère le porta chez Dame sainte Marie, et lui découvrit tout ce qui venait d'arriver. Sainte Marie lui dit : "Remerciez dieu de l'avoir rétabli, et ne parlez de cette histoire à personne".
Chapitre 29
1. Il y avait aussi en ce lieu deux femmes mariées à un même homme. Chacune d'elle avait un fils, et les deux enfants étaient souffrants. L'une de ces deux femmes s'appelait Marie, et son fils Cléopas (Note 1). Elle se leva, prit son fils et s'en fut chez Dame sainte Marie, mère de Jésus, et lui donna un beau voile en lui disant : "O Marie, ma Dame, recevez ce voile et donnez-moi en retour un seul lange (de votre enfant)". Marie le fit. La mère de Cléopas s'en alla et, de ce lange, elle fit une tunique dont elle revêtit son fils. Celui-ci fut guéri de son mal. Le fils de sa rivale mourut, ce qui devint entre elle une cause d'inimitié (Note 2).
2. Elles avaient coutume de faire le ménage alternativement, chacune pendant une semaine. Quand vint le tour de Marie mère de Cléopas, elle voulut cuire le pain. Après avoir chauffé le four, elle s'en fut chercher la pâte, et partit en laissant son fils Cléopas près du four. Elle partie, sa rivale aperçut l'enfant : il était seul et le four flambait. Elle le prit, le jeta dans le four et s'éloigna. Lorsque Marie sa mère revint, elle vit Cléopas son fils jouant au milieu du four où on l'avait jeté, et le four déjà refroidi, comme si le feu n'y avait pas été mis. La mère comprit que c'était sa rivale qui l'avait jeté dans le brasier. Elle le tira du four et l'amena chez Dame sainte Marie à qui elle apprit son histoire. Celle-ci lui dit : "Taisez-vous, et ne parlez de cette histoire à personne, car je crains pour vous si elle était divulguée."
3. Il advint ensuite que sa rivale s'étant rendue au puit pour chercher de l'eau, aperçut Cléopas qui jouait près du puit. Personne ne se trouvait là. Elle prit l'enfant, le précipita dans le puit et s'en retourna chez elle. Quand les gens vinrent au puit faire leur provision d'eau, ils aperçurent le petit garçon assis sur l'eau. Ils descendirent et le retirèrent de là. Et saisis d'une admiration extrême au sujet de ce petit garçon, ils rendirent gloire à Dieu. Sa mère étant survenue le prit et l'emporta en pleurant chez Dame sainte Marie à qui elle dit : "O ma Dame, voyez ce que ma rivale a fait à mon fils, comment elle l'a jeté dans le puit. Il est inévitable qu'elle le fasse périr."
Sainte Marie lui dit : "Dieu vous vengera d'elle". Or donc, sa rivale s'en fut tirer de l'eau au puit, ses pieds se prirent dans la corde et elle tomba dans le puit. Les gens venus pour la retirer la trouvèrent la tête broyée et les os rompus. Elle mourut de malemort, et en elle se vérifia le mot de quelqu'un : Ils ont creusé un puit, ils l'ont fait profond et ils sont tombés dans le trou qu'ils ont ouvert". (Cf Ps 7.16)
Chapitre 30
1. Il y avait là une autre femme qui avait deux fils jumeaux. Ils prirent tous deux une maladie. L'un mourut, l'autre agonisait. Sa mère l'emporta en pleurant, et l'emmena chez dame sainte Marie à qui elle dit : "O Marie, ma Dame, venez à mon aide, secourez moi ! J'avais deux fils, et à cette heure j'en ai enterré l'un, et l'autre est sur le point de mourir. Voyez la prière et la demande que j'adresse à Dieu". et elle se mit à dire : "O Seigneur, qui êtes clément, miséricordieux et bon, vous m'aviez donné deux fils ; vous m'avez repris l'un, laissez moi celui qui reste !"
2. a la vue de ses larmes brûlantes, sainte Marie en eut pitié et lui dit : "déposez votre enfant sur le lit de mon fils, et couvrez le avec les habits de ce dernier." Elle le déposa donc sur le lit où était le Christ. Il avait déjà les yeux fermés, pour quitter la vie, mais lorsque l'odeur des vêtements (cf Gen 27.27) du Seigneur, le Christ Jésus, parvint au petit garçon, à l'instant même, celui-ci ouvrit les yeux et poussant un grand cri vers sa mère, il lui dit : "mère, donnez-moi du pain !" (note 1) elle le lui donna et il le suça. Sa mère dit à Dame sainte Marie : "Je sais maintenant que la puissance de Dieu réside en vous, au point que votre fils s'est mis à guérir ses pareils par le seul contact de ses vêtements" Et cet enfant qui fut guéri est celui qui, dans l'évangile est appelé Barthélemy. (note 2)
Chapitre 31
Il y avait là aussi une femme atteinte de la lèpre. Elle se rendit chez dame sainte Marie mère de Jésus et lui dit : "O Marie, ma Dame, venez à mon aide !" Sainte Marie lui dit : "Quel secours vous faut-il ? De l'argent, de l'or, ou que votre corps soit purifié de la lèpre ?" Cette femme lui dit "Et qui a le pouvoir de me donner cela ?" sainte marie lui dit : "Ayez la patience d'attendre un peu que j'ai baigné mon fils Jésus, et que je l'ai déposé sur son lit." La femme attendit patiemment, comme Marie le lui avait dit. Et quand cette dernière eut déposé Jésus dans son lit, elle prit de l'eau qui avait servi à le baigner et, la donnant à cette femme elle lui dit : "Prenez de cette eau et versez-la sur votre corps." Et celle-ci l'ayant fait, fut à l'instant même purifiée, et elle rendit à Dieu louanges et actions de grâces.
Chapitre 32
1. Après être demeuré trois jours chez (Marie), elle s'en alla. Arrivée à (son village), elle y vit un seigneur qui avait épousé la fille d'un autre seigneur. En observant sa femme, il aperçut, entre ses yeux, des traces de lèpre pareilles à une étoile.
Le mariage fut rompu et déclaré nul. Lorsque cette femme les vit en cette situation, accablés de chagrin et versant des larmes, elle leur dit : "quelle est la cause de vos pleurs ?" Ils lui dirent : "Ne nous interrogez pas sur notre situation. Nous avons un chagrin dont nous ne pouvons parler à personne, et qui doit rester entre nous." Elle répéta sa question avec insistance et leur dit : "Découvrez-le moi ; peut-être vous en indiquerai-je le remède." Ils lui montrèrent donc cette jeune fille et les traces de lèpre qu'elle avait entre les yeux.
2. Ayant vu cela, elle leur dit : "Moi que vous voyez, j'ai aussi eu cette maladie. M'étant rendue à Bethléem, pour une affaire qui m'était advenue, j'entrais dans la caverne, et j'y vis une femme appelée Marie, qui a un fils appelé Jésus. Ayant remarqué que j'étais lépreuse, elle s'attendrit sur mon sort, et me donna l'eau qui avait servi à baigner son fils ; je la répandis sur mon corps, et je fus purifiée de la lèpre." Ces femmes lui dirent : "O notre Dame, seriez-vous prête à partir avec nous et à nous montrer Dame sainte Marie ?" Elle leur dit : "Volontiers." Elles se levèrent donc et s'en furent chez dame sainte Marie, emportant avec elles de riches présents.
3. Arrivées chez celle-ci, elles lui offrirent leurs présents et lui montrèrent la petite lépreuse qui les accompagnait. Sainte Marie leur dit : "Que la miséricorde du Seigneur Jésus Christ descende sur vous !" Et elle leur donna de l'eau qui avait servi à baigner Jésus le Christ, en leur disant : "Lavez cette pauvre enfant avec cette eau." Et après qu'elles l'en eurent lavée, elle fut aussitôt guérie. Elles rendirent grâces à Dieu, elles et tous les assistants. Puis elles s'en retournèrent dans leur pays, en louant Dieu pour cela. Et quand le chef eut appris que sa femme était guérie, il la fit revenir chez lui, il célébra ses noces une seconde fois et remercia Dieu de la guérison de son épouse.
Chapitre 33
1. Il y avait là aussi une jeune fille possédée du démon. Ce maudit lui apparaissait à tout moment sous l'aspect d'un dragon énorme et faisant mine de l'engloutir. Il lui suçait tout son sang et elle demeurait comme morte. Quand il l'approchait, elle joignait ses mains sur sa tête et criait en disant : "Malheur à moi ! Malheur à moi, puisqu'il n'y a personne qui puisse me délivrer de ce dragon méchant." Son père, sa mère, tous ceux qui l'entouraient ou la voyaient, s'apitoyaient sur elle. Et tous ceux qui se trouvaient là pleuraient et s'attroupaient autours d'elle, tous pleurant et se lamentant, surtout quand elle disait avec larmes, surtout quand elle disait avec larmes : "O mes frères et mes amis, n'y a-t-il personne qui puisse me délivrer de ce bourreau ?"
2. Et lorsque la jeune fille du chef, celle qui avait été guérie de la lèpre, entendit la voix de cette enfant, elle monta à l'endroit le plus élevé de son "château" et regarda de son côté : elle avait les mains jointes sur sa tête et pleurait, et la foule qui l'entourait pleurait aussi. (La femme du chef) dit au mari de la possédée : "Votre femme a-t-elle encore sa mère ?" Le mari répondit : "Certainement, elle a sa mère et son père." Elle lui dit : Amenez-moi sa mère." Il la lui amena. Lorsqu'elle l'eut aperçue, elle lui dit : "Cette jeune obsédée est-elle votre fille ?" cette femme lui dit avec tristesse et en pleurant : "Oui, ma Dame, c'est ma fille." Et la fille du chef lui dit : "Gardez-moi le secret. Je vous dirais que moi aussi j'ai été lépreuse, et j'ai été guérie par notre Dame Marie, mère de Jésus le Christ. Si vous voulez que votre fille soit guérie, conduisez-la à Bethléem ; demandez à voir Marie, mère de Jésus, et croyez bien que votre fille sera guérie. Quant à moi, je suis certaine que vous reviendrez ici toute joyeuse, avec votre fille en parfait état."
3. Ayant entendu ces paroles de la fille du chef, la femme, à l'instant même se leva en hâte, se rendit chez sa fille et partit pour l'endroit qu'on lui avait indiqué. Elle alla trouver Dame sainte Marie et lui fit connaître l'état de sa fille. Après l'avoir entendue, sainte Marie lui donna de l'eau du bain de son fils Jésus et lui dit : "Versez cette eau sur le corps de votre fille." Et elle lui donna aussi un des langes du Seigneur Jésus, en lui disant : "Prenez ce lange et chaque fois que vous apercevrez votre ennemi, montrez-le lui." Et elle les congédia amicalement.
Chapitre 34
1. Quand ils se furent rendus de chez elle dans leur pays, le moment vint où le démon avait coutume d'assaillir la (jeune fille). Alors le maudit se montra sous l'aspect d'un dragon énorme. A sa vue, la jeune fille prit peur. Sa mère lui dit : "Ne craignez pas ses griffes, ma fille : qu'il s'approche de vous et montrez lui ce lange que nous a donné sainte Marie ; nous verrons ce qui va arriver."
2. Quand elle vit le démon s'approcher d'elle sous la forme d'un dragon horrible, terrifiée, elle frissonna de tous ses membres. Elle déploya le lange et l'ayant mis sur sa tête, elle s'en couvrit les yeux. A l'instant même, il sortit de ce lange des flammes ardentes et des charbons embrasés, qui jaillissaient sur le dragon.
O prodige éclatant qu'on vit se produire ! Au moment où le dragon tournait son regard vers le lange du Seigneur Jésus, le feu en sortit et lui jaillit sur la tête et sur les yeux. Il cria d'une voix stridente, en disant : "Que me voulez-vous, Jésus fils de Marie ? Où pourrais-je vous échapper ?" Et, tournant court, il s'éloigna de la jeune fille avec une terreur extrême, et ne revint plus jamais lui apparaître. Délivrée de lui, la jeune fille et tous ceux qui assistaient à ce miracle rendirent à Dieu gloire et actions de grâces.
Chapitre 35
1. Il y avait aussi dans ce pays une femme qui avait un fils possédé du démon. Il s'appelait Judas. Chaque fois qu'il était assailli par le démon, il mordait tous ceux qui l'approchaient, et s'il ne trouvait personne à sa portée, il se mordait les mains et les autres membres. Lorsque la mère de ce malheureux eut entendu parler de sainte Marie et de son fils Jésus, elle se leva et emportant Judas, elle l'amena chez Dame Marie. Or Jacques et José (note 1) avaient emporté le Seigneur Jésus, alors petit enfant, pour aller jouer avec les autres enfants.
2. Quand ils furent sortis de la maison, ils s'assirent et le Seigneur Jésus avec eux. Judas, le possédé survint et s'assit à la droite de Jésus. Le démon l'ayant assailli à son ordinaire, il voulut mordre le Seigneur Jésus. Il ne le put, mais il frappa Jésus au côté droit. Le Seigneur Jésus se mit à pleurer et, à l'instant même, le démon sortit précipitamment du petit garçon sous la forme d'un chien enragé. Ce garçon qui frappa Jésus et de qui le démon sortit sous la forme d'un chien, c'est Judas l'Iscariote qui livra (Jésus) aux Juifs ; et le côté où Judas le frappa est celui même que les Juifs percèrent d'une lance.
Chapitre 36 (note 1)
1. Un jour, après que Jésus ait accompli sa septième année, il jouait avec ses petits camarades, c'est à dire des enfants de son âge. Ils s'amusaient avec de l'argile, et en faisaient des figurines représentant des ânes, des boeufs, des oiseaux, etc.
Chacun d'eux se montrait fier de son habileté et se vantait de son ouvrage. Et le seigneur Jésus dit aux garçons : "Ces figurines que j'ai faites, je vais leur ordonner de marcher." Les petits garçons lui dirent : "Serais-tu donc le fils du Créateur ?"
2. Et le Seigneur Jésus commanda à ces (figurines) de marcher, et aussitôt elles se mirent à sauter. Puis il les rappela, et elles revinrent. Et Jésus avait fait des figurines représentant des oiseaux et des petits moineaux. Il leur ordonna de voler, elles volèrent, de se poser, et elles se posèrent sur ses mains. Il leur donna à manger, et elles mangèrent ; à boire, et elles burent. Les petits garçons s'en furent raconter le fait à leurs parents. Ceux-ci leur dirent : "Enfants, ne fréquentez plus celui-là, c'est un magicien. Gardez-vous de lui, ne l'approchez plus et dorénavant ne jouez plus avec lui."
Chapitre 37
Un jour que le Seigneur Jésus se promenait et s'amusait avec les petits garçons, il passa par l'atelier d'un teinturier qui s'appelait Salem. Or ce teinturier avait, dans son atelier, beaucoup d'habits appartenant aux gens de la ville, et qu'il se proposait de teindre. Etant entré dans l'atelier du teinturier, le Seigneur Jésus prit tous ces habits et les jeta dans une cuve d'indigo. Quand Salem le teinturier revint et qu'il vit tous ces habits gâtés, il se mit à crier à forte voix, et s'en prenant au Seigneur Jésus il lui dit : "Que m'as-tu fait là, Jésus fils de Marie ! Tu m’attires des affronts de tous les gens de la ville. Chacun d'eux voulait une couleur à sa convenance, et toi, tu es venu et tu as gâté tout l'ouvrage." Le Seigneur Jésus lui dit : "Tous les habits auxquels vous voudrez une autre couleur, je la changerai." Et au même instant, le Seigneur Jésus se mit à retirer de la cuve les habits, chacun, jusqu'au dernier, avec la couleur que le teinturier souhaitait. Et les Juifs, à la vue de ce miracle et de ce prodige, rendirent gloire à Dieu.
Chapitre 38
Joseph prenait Jésus avec lui, et circulait dans toute la ville ; car il arrivait que les gens l'appellent, à cause de son métier, pour qu'il leur fasse des portes, des seaux à traire, des sièges ou des coffres. Le Seigneur Jésus l'accompagnait partout où il allait, et chaque fois que Joseph, dans son travail, avait besoin d'allonger ou de raccourcir quelque chose, de l'élargir ou de le rétrécir, que ce soit d'une coudée ou d'un empan, le Seigneur Jésus étendait la main vers l'objet, et la chose se trouvait comme Joseph la souhaitait, sans qu'il eut besoin d'y mettre la main, car Joseph n'était pas habile dans le métier de charpentier.
Chapitre 39
1. Un jour, le roi de Jérusalem le fit mander et lui dit : "Joseph, je veux que tu me fasse un lit de parade aux dimensions de la salle où je tiens séance." Joseph lui dit : "A vos ordres !" Et sur le champ, il se mit à fabriquer ce lit, et il demeura deux ans dans le palais du roi, avant de l'avoir terminé. Quand il voulut le mettre en place, il le trouva trop court de deux empans, dans tous les sens. A cette vue le roi entra en colère contre Joseph. Et Joseph, dans l'excès de la crainte que le roi lui inspirait passa la nuit à jeun, sans prendre aucune nourriture.
2. Le Seigneur Jésus lui dit : "De quoi as-tu peur ?" Joseph lui dit : "Voici que j'ai perdu tout l'ouvrage de deux années." Le Seigneur Jésus lui dit : "Ne crains pas, et ne t'effrayes pas. Pour mettre ce lit en bon état, prends le par un côté, et moi par l'autre." Joseph fit comme le Seigneur Jésus avait dit. Chacun des deux tira de son côté, et le lit se trouva mis en bon état et à la mesure du local. A la vue de ce prodigue, les assistants furent frappés de stupeur, et ils louèrent Dieu.
3. Le bois qui servit à faire ce lit était du bois d'essences différentes, qui avaient poussé au temps du roi Salomon fils de David.
Chapitre 40
1. Un jour, le Seigneur Jésus était sorti par les rues. Ayant vu des enfants qui s'étaient réunis pour jouer, il s'attacha à leurs pas. Mais les garçons, lorsqu'ils l'eurent vu, se cachèrent à son approche. Arrivé près de la porte d'une maison, le Seigneur Jésus y aperçut des femmes et leur demanda où ces garçons s'en étaient allés. Ces femmes lui dirent : "Il n'y en a pas un seul ici". Il leur dit : "Et ceux que voila, dans le four, qui sont-ils ?" Les femmes lui dirent : "Ce sont des boucs de trois ans." Et le Seigneur Jésus de s'écrier : "Boucs, sortez ici, auprès de votre berger !" Et les garçons sortirent sous la forme de chevreaux, et se mirent à sauter autour de lui. Témoins de ce spectacle, les femmes furent saisies d'admiration et prises de frayeur : elles coururent se prosterner en suppliantes devant le Seigneur Jésus et lui dirent : "O notre Seigneur, Jésus fils de Marie ! C'est vous qui êtes en vérité le bon berger d'Israël. Ayez pitié de vos servantes qui sont en votre présence, et qui n'ont pas douté. O notre Seigneur, vous n'êtes venu que pour guérir, et non pour faire périr !" (Cf Luc 9.55)
2. Le Seigneur Jésus leur répondit : "Les enfants d'Israël sont parmi les peuples sur le même rang que les nègres." Les femmes lui dirent : "Seigneur, vous savez toutes choses, et rien ne vous est caché. Maintenant, nous vous prions et nous demandons de votre bonté que vous rendiez à ces garçons, vos serviteurs, leur condition première." Et le Seigneur Jésus dit : "Accourez par ici, les enfants, et allons jouer !" Et au même instant, les chevreaux reprirent leur forme et furent changés en petits garçons, sous les yeux de ces femmes.
Chapitre 41
Quand vint le mois d'Adar, le Seigneur Jésus rassembla les petits garçons autour de lui sur la grande route. Ils étendirent leurs vêtements à terre et Jésus s'assit par dessus. Ils lui tressèrent une couronne de fleurs et la lui posèrent sur la tête. Et ils se placèrent auprès de lui, à droite et à gauche, comme des chambellans qui se tiennent auprès du roi. Et quiconque passait par la route, les petits garçons l'attiraient de force et lui disaient : "Venez, prosternez-vous devant le roi, puis poursuivez votre chemin."
Chapitre 42
1. Sur ces entrefaites, voici que des gens s'approchèrent avec un petit garçon qu'ils transportaient. Ce petit garçon était parti avec d'autres dans la montagne pour en rapporter du bois. Dans la montagne, il trouva un nid de perdrix. Il étendit la main pour y prendre des oeufs. Un serpent venimeux, qui se trouvait au milieu du nid, le mordit. Il cria au secours. Et quand ses compagnons arrivèrent, (il était) gisant à terre, comme un mort. Les gens de sa famille survinrent et l'emportèrent pour l'emmener en ville.
2. Lorsqu'ils atteignirent l'endroit où le Seigneur Jésus se trouvait faisant le personnage de roi, avec les petits garçons autour de lui, pareils à ses serviteurs, ces derniers accoururent au devant de celui qui avait été mordu, et ils dirent à ses proches : "avancez, et saluez le roi." Ceux-ci refusèrent d'y aller, à cause du chagrin qu'ils éprouvaient. Alors les petits garçons les entraînèrent de force et malgré eux. Lorsque ces gens arrivèrent auprès du Seigneur Jésus, il leur dit : "Pourquoi portez-vous ce petit garçon ?" Ils lui dirent : "Un serpent l'a mordu." Le Seigneur Jésus dit aux enfants : "Venez avec nous pour tuer ce serpent." Les parents du petit garçon dirent : "Laissez-nous aller, car notre fils est sur le point de mourir." Les garçons répondirent : "N'entendez-vous pas que le roi a dit : Allons tuer le serpent ; vous qui refusez d'obéir ?" Et sans autre permission, ils emmenèrent la monture.
3. Quand on fut arrivé auprès du nid, le Seigneur Jésus dit aux enfants : "Est-ce ici que se trouve le serpent ?" Ils répondirent : "Oui". Alors le Seigneur Jésus appela le serpent, qui sortit sans retard en s'inclinant devant lui. Il lui dit : "Va sucer le venin que tu as injecté à ce garçon !" Et le serpent se traîna vers ce dernier et lui reprit, en suçant, tout son venin. Alors, le Seigneur Jésus le maudit, et aussitôt le serpent creva. Jésus passa sa main sur le petit qui se trouva guéri. Et comme il se mettait à pleurer, le Seigneur Jésus lui dit : "Ne pleure pas, bientôt tu sera mon disciple." C'est Simon le Zélote, dont parle l'Evangile.
Chapitre 43
Un autre jour encore, Joseph envoya son fils Jacques lui chercher du bois, et le Seigneur Jésus partit avec lui. Quand ils arrivèrent au lieu où se trouvait le bois, (Jacques) se mit à en ramasser. Et voici qu'une mauvaise vipère le mordit à la main. Il se mit à crier et à pleurer. Le Seigneur Jésus, le voyant en cet état, alla à lui et souffla sur l'endroit où le serpent l'avait mordu, et aussitôt il fut guéri.
Chapitre 44
1. Un jour encore, le Seigneur Jésus se trouvait avec des garçons jouant sur la terrasse d'une maison. Un de ceux-ci tomba sur le sol et mourut à l'instant. Les enfants s'enfuirent, et le Seigneur Jésus demeura seul sur la terrasse. Lorsque les parents du petit garçon arrivèrent, ils dirent au Seigneur Jésus : "C'est toi qui as précipité notre fils du haut de la terrasse !" Il leur répondit : "Ce n'est pas moi qui l'ai précipité." Eux se mirent à crier en disant : "Notre fils est mort, et voici celui qui l'a tué !" Le Seigneur Jésus leur dit : "Ne m'imputez pas cette mauvaise action. Et si vous ne me croyez pas, venez, nous interrogerons l'enfant, et il manifestera la vérité."
2. Alors le Seigneur Jésus descendit et, se plaçant près de la tête du mort, il cria à haute voix : "Zénon, Zénon ! (note 1) Qui t'a jeté à bas de la terrasse ?" Alors le mort lui répondit en disant : "Seigneur, ce n'est pas toi qui m'as fait tomber, c'est un-tel." Et le Seigneur Jésus dit aux assistants : "Entendez ses paroles !" Et tous ceux qui étaient présents louèrent Dieu de ce prodige.
Chapitre 45
Un jour, Dame sainte Marie dit au Seigneur Jésus : "Mon enfant, va me chercher de l'eau au puit." Lorsqu'il y fut allé pour en rapporter l'eau, et qu'il eut rempli sa cruche, celle ci, pleine comme elle était, tomba et se brisa. Le Seigneur Jésus étendit son châle (note 1), y recueillit l'eau et l'apporta à sa mère dans le châle. Sainte Marie l'ayant aperçu, en fut dans l'admiration. Et tout ce qu'elle voyait, elle le gardait et le renfermait dans son coeur. (Cf Luc 2.51)
Chapitre 46
1. Un jour encore, le Seigneur Jésus se trouvait près d'un canal d'irrigation. Avec lui se trouvait d'autres jeunes garçons. Ils avaient aussi fait de petits bassins, et le Seigneur Jésus, avec de l'argile, avait façonné douze petits oiseaux qu'il avait rangé sur le rebord de son bassin, trois de chaque côté. Ce jour était un samedi. (note 1)
2. Survint le fils de Hanan le juif, et les voyant ainsi, il leur dit avec colère et aigreur : "Le jour du shabbat, vous pétrissez de l'argile !" Et s'étant élancé, il détruisit leurs bassins. Quand au Seigneur Jésus, il battit des mains vers les oiseaux qu'il avait façonnés, et ils s'envolèrent en piaillant.
3. Le fils de Hanan vint aussi faire une brèche dans le bassin du Seigneur Jésus, et l'eau s'échappa. Le Seigneur Jésus lui dit : "Que ta vie se dessèche, comme s'est desséchée cette eau !" Et à l'instant même, l'enfant fut frappé de paralysie.
Chapitre 47
Un jour aussi, le Seigneur Jésus faisait route avec Joseph. Il rencontra un garçon qui courait. Celui-ci heurta le Seigneur Jésus qui tomba. Jésus lui dit : "Comme tu m'as jeté à terre, ainsi tu t'abattras toi-même pour ne plus te relever." Et au même instant, l'enfant s'abattit et mourut.
Chapitre 48
1. Il y avait aussi à Jérusalem un professeur de petits enfants qui se nommait Zachée Il dit à Joseph : "Joseph, ne m'amèneras-tu pas Jésus pour qu'il s'instruise ?" Joseph lui dit : "Volontiers !" Il s'en fut parler à sainte Marie et, prenant Jésus avec eux, l'amenèrent au maître. Le maître l'ayant vu, lui écrivit l'alphabet et lui dit : "Dis : Aleph" (note 1). Et Jésus dit "Aleph". Le maître lui dit : "Dis : Beth". Et le Seigneur Jésus lui dit : "Explique-moi le Aleph, et alors je dirais : Beth". Le maître voulut le frapper.
2. Et Jésus lui dit : "Le aleph est fait de telle et telle sorte, le beth de telle et telle autre, et parmi les lettres, les unes sont droites, les autres infléchies, d'autres arrondies, d'autres marquées de points, d'autres dépourvues de points. Et cette lettre-ci ne précède pas les autres." Il se mit à expliquer et à détailler des choses que le maître n'avait jamais entendues ni lues dans aucun livre. Alors le Seigneur Jésus dit au maître : "Ecoutez, que je vous dise..." Et il se mit à dire dune voix distincte : "Aleph, beth, guimel, daled..." jusqu'au Thav.
3. Le maître s'étonna et dit : je crois que ce petit est né avant Noé". Et se tournant vers Joseph, il lui dit : "Tu m'as amené un enfant pour que je l'instruise, alors qu'il est le maître des maîtres !" Et à sainte Marie, il dit : "Votre fils que voici n'a pas besoin d'enseignement".
Chapitre 49
Et ils le conduisirent chez un autre maître, plus habile que le premier. Ayant vu Jésus, il lui dit ; "Dis : Aleph". (Jésus) dit : "Aleph". Il lui dit : "Dis : Beth". Le Seigneur Jésus lui répondit : "Dites moi d'abord la signification du Aleph, après quoi je vous dirais : Beth". Le maître leva la main et le frappa. A l'instant même, sa main se dessécha et il mourut. Joseph dit à sainte Marie : "Dorénavant, nous ne le laisserons plus sortir de la maison, car quiconque s'attaque à lui en meurt."
Chapitre 50 (note 1)
1. Quand il fut âgé de douze ans, ils montèrent avec lui à Jérusalem pour la fête. Et quand la fête fut terminée, ils repartirent. (Cf Luc 2.42-43) Quant au Seigneur Jésus, il se sépara d'eux (et resta) dans le Temple parmi les Prêtres, les Anciens et les Docteurs d'Israël, les questionnant et leur répondant sur des points de doctrine. Il leur dit : "Le Messie, de qui est-il fils ?" Ils lui dirent : "De David." Il leur dit : "Pourquoi alors, sous l'inspiration, l'appelle-t-il son Seigneur quand il dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur Assieds-toi à ma droite pour que j'abaisse tes ennemis sous les pas de tes pieds ?" (Cf Matth 22.42-44)
2. Et le plus ancien des Docteurs lui dit en réponse : "As-tu lu les (saints) Livres ?"
Le Seigneur Jésus lui dit : "Les Livres, et le contenu des Livres, l'explication de ces Livres, de la Thora, des commandements, des lois et des mystères qui sont dans les livres des prophètes, choses inaccessibles à la raison d'une créature." Et ce Docteur lui dit : "Pour moi, jusqu'à présent, je n'ai pas atteint ni ne connais par ouï-dire un pareil savoir. Que pensez-vous qu'il adviendra de cet enfant ?" (Cf Luc 1.66)
Chapitre 51
Il y avait là aussi un savant habile en astronomie. Il dit au Seigneur Jésus : "As-tu des notions d'astronomie ?" Le Seigneur Jésus lui répondit en lui disant le nombre des sphères et des corps célestes, avec leurs natures, leurs vertus, leurs oppositions, leur combinaison par trois, quatre et six, leurs ascensions et leurs régressions, leurs (positions en) minutes et secondes, et autres choses qui dépassent la raison.
Chapitre 52
Il se trouvait aussi parmi eux un philosophe (versé) dans la médecine naturelle. Il dit au Seigneur Jésus : "Mon cher, as-tu des notions de médecine ?" Et le Seigneur Jésus lui répondit par une dissertation sur la physique, la métaphysique, l'hyperphysique et l'hypophysique, sur les forces des corps et des tempéraments, et sur les énergies et leurs influences dans les nerfs, les os, les veines, les artères et les tendons, sur les propriété du chaud, du sec, du froid et de l'humide, et sur les effets, et sur les opérations de l'âme dans le corps, sur ses perceptions et ses puissances, sur la faculté logique, sur les actes de l'(appétit) irascible et ceux de l'(appétit ) concupiscible, sur la composition et la dissolution et autres choses qui surpassent la raison d'une créature.
Et ce philosophe, s'étant levé, se prosterna devant le Seigneur Jésus et lui dit : "Seigneur, dorénavant, je suis ton disciple et ton serviteur."
Chapitre 53
1. Et tandis qu'ils échangeaient ces propos et d'autres semblables, survint Dame sainte Marie qui errait à sa recherche avec Joseph depuis trois jours. Elle l'aperçut qui se tenait assis parmi les Docteurs, les interrogeant et leur répondant. Et sainte Marie lui dit : "Mon fils, pourquoi nous as-tu traité de la sorte ? Voici que ton père et moi, nous te cherchons, avec beaucoup de lassitude !" Il leur dit : "Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ?" Eux ne comprirent pas la parole qu'il leur avait dite. (Cf Luc 2.46-49) Et les Docteurs dirent : "Est-ce là votre fils, Marie ?" Elle dit : "Oui." Ils lui dirent : "Heureuse êtes-vous, ô Marie, d'une telle maternité !"
2. Et le Seigneur Jésus fit route avec eux jusqu'à Nazareth, et il leur obéissait en toutes choses. Sa mère conservait en son coeur toutes ces paroles. Et le Seigneur Jésus croissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et les hommes.
Chapitre 54
A partir de ce jour, il commença à cacher ses prodiges, ses mystères et ses paraboles. Et il se conforma aux prescriptions de la Thora jusqu'à l'achèvement de sa trentième année, où le Père le manifesta dans le Jourdain, par la voix qui criait du ciel : "Voici mon fils chéri, en qui je me suis complu" (Luc 3.22), tandis que l'Esprit-Saint lui rendait témoignage, sous la forme d'une colombe blanche.
Chapitre 55 (note 1)
1. C'est lui que nous adorons en suppliant, lui qui nous a donné l'être, la vie et la naissance, qui s'est incarné pour nous et nous a sauvé. Sa miséricorde s'étend sur nous, par sa libéralité, sa bienveillance, sa générosité et sa largesse.
2. A lui la gloire, la bienveillance, la force, la domination, maintenant, en tous temps, à tout âge, à toute époque, jusqu'à l'éternité des éternités et au siècle des siècles. Ainsi soit-il !
L'évangile de l'enfance est, avec le secours du Dieu Très-Haut, terminé entièrement tel que nous l'avons trouvé dans l'exemplaire.
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Notes sur le texte
Chapitre 1
note 1: Ce chapitre, sans lien organique avec le reste du livre, n'est sans doute qu'une scolie ajoutée au titre par un copiste. Les anecdotes auxquelles cette scolie paraît faire allusion, ont du courir d'assez bonne heure parmi les chrétiens arabes, car elles ont passé dans le Coran. Grâce aux commentateurs qui les ont ridiculement amplifiées, elles se sont répandues en se diversifiant à travers tout l'Orient arabe. Qui sait où, et chez qui, cette prétendue citation de Josèphe peut avoir été ramassée?
A titre indicatif, nous donnons ici la "profession de foi musulmane" que le Coran met dans la bouche de Jésus bébé : "Je suis le serviteur de Dieu, Il m'a donné le livre et m'a constitué prophète. Il a voulu que je sois béni partout où je me trouve, Il m'a recommandé de faire la prière et l'aumône tant que je vivrais, d'être pieux envers ma mère, Il ne permettra pas que je sois rebelle et abject."
note 2 : Le nom de Jésus, dans ce récit est "Yassou", qui est une déformation normale de l'araméen "Yeshoua". C'est sous ce nom de "Yassou" que Jésus est connu dans les pays de langue arabe. Or, il apparaît que, pour une raison inexpliquée, le Coran le nomme "Eïssa".
Chapitre 3
note 1 : En fonction de ce qui suit ("elle fut guérie"), on peut supposer une lacune dans le récit, lacune qui correspondrait au Protévangile de Jacques 19.3 à 20.2, et les textes parallèles, à cette différence que dans notre texte, c'est la sage femme elle-même qui semble avoir douté. Protévangile de Jacques : XIX.3. Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : " Salomé, Salomé, j'ai une étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature. " Et Salomé répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine son corps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. "
[Et elle s'approcha, et la disposa, et Salomé examina sa nature. Et elle s'écria qu'elle avait tenté le Dieu vivant : " Et voici, je perds ma main, brûlée par un feu. " Et elle pria le Seigneur et la sage-femme fut guérie dès cet instant.
Or un ange du Seigneur se dressa devant Salomé, disant : " Ta prière a été exaucée devant le Seigneur Dieu. Approche-toi et touche le petit enfant, et pour toi aussi il sera le salut. " Salomé obéit et fut guérie selon qu'elle avait adoré, et elle sortit de la grotte. Et voici, un ange du Seigneur fit entendre une voix.]
XX.1. Et la sage-femme entra et dit : " Marie, prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet. " A ces mots, Marie se disposa. Et Salomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : " Malheur à mon impiété et à mon incrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'un feu. "
XX.2. Et Salomé s'agenouilla devant le Maître, disant : " Dieu de mes pères, souviens-toi que je suis de la lignée d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Ne m'expose pas au mépris des fils d'Israël, mais rends-moi aux pauvres. Car tu sais, ô Maître, qu'en ton nom je les soignais, recevant de toi seul mon salaire. "
XX.3. Et voici qu'un ange du Seigneur parut, qui lui dit : " Salomé, Salomé, le Maître de toute chose a entendu ta prière. Étends ta main sur le petit enfant, prends-le. Il sera ton salut et ta joie. "
Chapitre 23
Note 1 : Les noms de Titus et Dumachus se retrouvent dans la rédaction syriaque, malgré des variantes de rédactions d'avec l'arabe.
L'occident connaît les deux "brigands" crucifiés avec Jésus sous d'autres noms : le "bon larron" est nommé Dismas (St Dismas est fêté le 25 Mars) et l'autre brigand porte le nom de "Gestas".
Chapitre 24
Note 1 : A 10 km au Nord-Est du Caire, près de l'ancienne Héliopolis.
Chapitre 25
Note 1 : C'est à dire au Caire actuel, et plus précisément au quartier appelé aujourd'hui le "Vieux-Caire", "Misr Al-Aliqa". La tradition relative au séjour de la sainte Famille en Egypte y est localisée dans la célèbre église d'Abou Sargah. A noter qu'en hébreu, l'Egypte était désignée sous le nom de "Misraïm".
Chapitre 29
Note 1 : Voir Jean 19.25, "Marie de Clopas" qui peut être comprise comme "femme" ou "mère" de Clopas. C'est aussi ce Cléopas qu'une tradition identifie à l'un des Pèlerins d'Emmaüs, ce que l'on retrouve dans une prière avant les voyages : "O Sauveur, toi qui as fait route vers Emmaüs en compagnie de Luc et Cléopas, accompagne tes serviteurs et servantes qui se préparent à partir, et garde les de tout mal."
Note 2 : le texte syriaque nomme cette seconde femme "Azrami".
Chapitre 30
Note 1 : Le texte syriaque porte "donne moi le sein", ce qui correspond mieux à la suite.
Note 2 : Le texte syriaque donne : "Et cet enfant est Thomas, qui est appelé Didyme". Sachant que Didyme signifie "jumeau", on peut raisonnablement penser que le texte Syriaque a conservé la leçon originale.
Chapitre 35
Note 1 : le texte syriaque précise "Jacques te José, ses frères"
Chapitre 36
Note 1 : Le thème de ce chapitre se retrouve par deux fois dans le Coran (3.49 et 5.110).Nous donnons à titre indicatif le texte du Coran 5.110, qui reprend en outre la légende des paroles de Jésus au berceau : "Et quand Allah dira: "O Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l'évangile! Tu fabriquais de l'argile comme une forme d'oiseau par Ma permission; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle- né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent: "Ceci n'est que de la magie évidente".
Chapitre 44
Note 1 : Le texte syriaque nomme l'enfant "Buza", et non "Zénon"
Chapitre 45
note 1 : Le traducteur a noté "son voile", mais il s'agit probablement d'une pièce d'étoffe comme le Talith, porté sur les épaules et mis sur la tête pour la prière, que l'on appelle le "châle de prière"
Chapitre 46
Note 1 : Comme chacun sait, le samedi (shabbat) est jour de repos dans le judaïsme, et pétrir de l'argile est assimilé à faire de la maçonnerie, donc un travail.
Chapitre 48
Note 1 : Les noms et l'ordre des lettres sont ceux de l'alphabet syriaque, et non arabe. Dans le texte grec du Pseudo-Thomas, dont dépendent les textes syriaques, et par conséquent arabe, le texte suit l'alphabet grec. La description des lettres est beaucoup plus réussie en grec : Jésus fait une lecture symbolique et théologique à partir de la forme des lettres. Les lettres syriaques (et arabes) n'ayant pas la même formes que les grecques, l'adaptateur syriaque aurait du la réécrire, ce qu'il n'a pas jugé utile. C'est bien dommage.
Chapitre 50
Note 1 : A partir de ce point, le rédacteur tente de faire le raccord entre les fables qui ont précédées, et qui sont censées combler une lacune des textes reçus par l'Eglise, et les Evangiles canoniques. La transition se fait tout en douceur, jusqu'au chapitre 54.
Chapitre 55
Note 1 : La doxologie finale, comme le chapitre premier est d'un tout autre ordre que le reste du texte : le chapitre premier ouvrait le livre par une affirmation de foi, la doxologie finale le referme de même : Le Christ est véritablement le Verbe incarné, il ne l'est pas devenu. Et cette affirmation explique la volonté du rédacteur de montrer la divinité à l'oeuvre dans le Christ "à tout âge". |