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L'Écrit sans titre: traité sur l'origine du monde (NH II,5 et XIII,2 et Brit. Lib. Or. 4926[1])

Auteur(s)/Directeur(s):

Painchaud, Louis

Éditions Peeters (Louvain)
Les Presses de l'Université Laval (Québec)
«Bibliothèque copte de Nag Hammadi [section «Textes»]», 21
1995
xvi + 622 p.
ISBN: 2-7637-7419-9 (PUL) 90-6831-702-4 (Peeters)


Le cinquième écrit du codex II, qui nous est parvenu sans titre, est un véritable traité didactique sur l'origine du monde. Il veut persuader des destinataires non-gnostiques, probablement juifs, d'embrasser les croyances gnostiques relatives à la création du monde, afin de discréditer dans leur esprit le Dieu des Écritures juives, les disposant ainsi à adhérer à une doctrine supérieure, celle de l'existence d'un Dieu transcendant, supérieur au Dieu créateur et maître du monde matériel.

C'est du moins ce que l'on peut supposer à la lumière de l'analyse de la disposition du traité et des matériaux utilisés dans chacune de ses parties. Après un prologue prétendant réfuter la théorie de la primauté du chaos dont le but est de rallier des lecteurs juifs ou chrétiens, l'auteur du traité propose un long exposé de la cosmogonie et de l'anthropogonie gnostiques. Il utilise pour cela une ou des sources gnostiques également citées dans l'Hypostase des archontes et peut être, dans l'Apocryphon de Jean. Ces sources présentent le Dieu créateur du monde matériel comme un Dieu ignorant et envieux, qui blasphème en se prétendant le seul Dieu. Par mode de captatio benevolentiae sans doute, l'auteur fait toutefois de Sabaoth, un des fils de l'archonte Ialdabaoth, un exemple de conversion gnostique, proposant ainsi en modèle à ses destinataires le Dieu des Écritures juives. Dans son exposé anthropogonique, il présente encore Ialdabaoth, le Dieu créateur, comme ignorant et jaloux, alors qu'Adam et Ève, tout comme Sabaoth, deviennent des modèles à imiter, qui accèdent à la vraie connaissance en désobéissant à leur créateur.

Une fois cet exposé terminé, l'auteur en propose comme démonstration non pas un argument tiré de quelque système gnostique, mais la croyance, bien attestée dans la littérature intertestamentaire juive, selon laquelle cultes idolâtres, pratiques magiques et sortilèges ont été enseignés aux hommes par des anges déchus, qu'il s'empresse d'identifier aux archontes de son exposé. Le traité se conclut sur un épilogue qui résume l'exposé et conclut le tout par un vibrant appel à la conversion, une promesse de récompense ou de châtiment éternel.

Les parentés littéraires observées entre cet écrit sans titre et celui qui nous est connu sous le titre Eugnoste le Bienheureux permettent de croire que ces deux traités formaient à l'origine les deux volets d'un dyptique, le premier consacré à l'origine du monde et le second au Dieu transcendant. Ces deux écrits ont par la suite connu des trajectoires différentes au cours desquelles ils ont subi un certain nombre de transformations.

Cet ouvrage contient les contributions suivantes :

• «L'orthographe et la langue du traité» [Funk, Wolf-Peter] (p. 29–68)

• «Les Fragments Brit. Lib. Or. 4926(1)» [Funk, Wolf-Peter] (p. 529–570)