Jean-Frédéric Ostervald
Né à Neuchâtel, fils du pasteur de la ville Jean-Rodolphe Ostervald (1621-1682), il effectua ses études à Zurich (1677-1678) puis fit un Grand Tour en France, où il se rendit en particulier à l’Académie de Saumur (1678-1681), à La Rochelle (1681), à Orléans (1681) puis à Paris. À Saumur, il défendit, sous la direction de Pierre de Villemandy, ses Assertiones de principiis rerum naturalium (1679) ainsi que des Theses ex Dialectica, Pneumatologia, Physica et Ethica (1679) et devint maître ès arts à 16 ans. Ostervald poursuivit ensuite ses études à Genève (1682-1683) avec le théologien Louis Tronchin (1629-1705), avec lequel il entretint une importante correspondance (1683-1705).
Consacré à son retour à Neuchâtel (1683), il fut nommé diacre (1686) puis pasteur de la ville (1699). Durant sa vie, il fut plusieurs fois doyen de la Compagnie des pasteurs de Neuchâtel et gagna rapidement une influence certaine sur le corps pastoral et l’Église de Neuchâtel.
Soucieux des bonnes mœurs et du développement de la piété, il publia en 1700 son Traité des sources de la corruption qui règne aujourd’hui parmi les chrétiens (Amsterdam, 1700), dans lequel il s’attaqua entre autres aux dogmes de l’orthodoxie calviniste qui lui semblaient favoriser le relâchement des mœurs. En 1702 parut son Catéchisme, qui fut pris pour cible par les théologiens de Berne en raison de sa supposée hétérodoxie. Ces deux œuvres, véritables succès de librairie, furent traduites en de maintes langues et rééditées jusqu’au xixe siècle. À la suite du catéchisme, Ostervald entreprit la réforme du culte de l’Église de Neuchâtel dont le résultat fut la publication, en 1713, de la Liturgie ou maniere de celebrer le service divin dans la principauté de Neufchatel qui sera en service durant près de deux siècles. Membre de la Society for the Propagation of the Gospel et de la Society for Promoting Christian Knowledge, Ostervald voua un grand intérêt à la mission. C’est ainsi que ses œuvres furent diffusées dans le monde (en particulier son Catéchisme), traduites et utilisées dans les missions chrétiennes en Amérique, en Inde et en Insulinde.
En 1701, Ostervald entreprit de donner une formation de base aux candidats au pastorat, enseignement qui sera à l’origine de l’actuelle Faculté de théologie et constituera de fait une des racines de l’université de Neuchâtel. Outre l’enseignement de la théologie par Ostervald, les étudiants purent bientôt compter, à partir de 1732, sur un enseignement en philosophie dispensé par le réfugié huguenot Louis Bourguet (1678-1742). Les cours d’Ostervald furent pour la plupart publiés ; ainsi son De l’exercice du ministère sacré (Amsterdam, 1737), son Ethicae christianae Compendium quod olim in usus domesticos destinatum, discipulis auctor excribendum tradit (Londres, 1727 ; traduit en français : Morale chrétienne, La Neuveville, 1740) ainsi que son Compendium theologiae Christianae (Bâle, 1739). Ostervald contribua également substantiellement au développement de la bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel, fondée vers 1540 et qui conserve toujours une part importante de ses manuscrits.
Ostervald est surtout demeuré dans les mémoires par la Bible qu’il fit publier en 1744, qui n’est pas une traduction mais une révision de celle des pasteurs de Genève. La Bible d’Ostervald a été une référence et fut largement utilisée pendant 150 ans, jusqu’à la fin du xixe siècle. Un aspect important de la popularité de la Bible d’Ostervald fut qu’elle était accompagnée de commentaires ainsi que de réflexions morales et pieuses sur tous les chapitres de sa traduction. Ceux-ci étaient censés être lus durant le culte. Ils parurent indépendamment en 1720 pour la première fois sous le titre Arguments et Réflexions. En 1779 sortit une édition exceptionnelle de la Bible incluant des gravures4 illustrant les scènes bibliques, réalisées à 15 ans par Abraham Girardet , un artiste du Locle. Le texte a été de nouveau révisé en 1996.
Jean-Frédéric Ostervald et deux autres théologiens, Jean-Alphonse Turretin et Samuel Werenfels , formèrent ce qu’on appelle le triumvirat helvétique.
De son mariage avec Salomé Chambrier, Ostervald eut quatre enfants, dont deux fils :
Jean-Rodolphe Ostervald (1687-1763), pasteur de l’Église française de Bâle et auteur d’ouvrages de piété ;
Samuel Ostervald (1692-1769), homme politique neuchâtelois qui partagea son temps entre les fonctions publiques et l’étude de la jurisprudence, et consacra ainsi plus de vingt ans à l’élaboration d’un recueil de textes de droit coutumier qui parut après sa mort sous le titre Les loix, us et coutumes de la souveraineté de Neuchâtel et Valangin en 1785.
La Bible J. F. Ostervald
Commentaires récents